Une vie folk

Il y a plein de choses à vous raconter sur la vie d'un artiste musicien folk.

image_author_Marc_Verwaerde
Par Marc Verwaerde
19 mars · 3 mn à lire
Partager cet article :

La folk peut-elle changer le monde ?

Quel est le rôle de la musique folk dans la marche du monde ?

Coucou toi,

Je m’essaie à une prise de parole qui diffère un peu de la route empruntée ces dernières semaines. Une prise de parole qui met un peu à distance mon réel et essaie de comprendre le monde dans lequel j’évolue. Vous apporter aussi un peu de ma réflexion dans votre quotidien, vous donner envie d’aller creuser aussi ce sillon de la folk qui m’obsède au quotidien. Vous me direz ce que vous en pensez ?

Du coup j’entame cette route avec la question suivante : “la folk peut-elle changer le monde ?”. Je m’explique sur le choix de ce thème un peu plus loin dans le texte qui suit. Bonne lecture !

Historiquement, c’est quoi la musique folk ?

Le mot folk est un diminutif dérivé de folklorique, style musical qui englobe tout musique de tradition locale : toute musique d’un territoire est folklorique. La musique folk au sens communément accepté, c’est la musique à guitares et autres instruments acoustiques qui procède de la musique d’origine celtique au sens large, on va dire ça comme ça...

Comme c’est une musique populaire, qui parle à tous, la musique folk a été aussi reprise dans les milieux prolétaires, et ce mouvement musical a créé une autre ramification ou sous-genre, celui de la “protest song” (Woodie Guthrie en est l’emblème, mais on pense évidemment au géant Bob Dylan avec “The Times they are a Changing”, même s’il se défend d’avoir embrassé une quelconque cause politique, et je veux bien le croire).

Puis, dans les années 1960 et surtout 1970, la musique pop commerciale et notamment la folk ont embrassé les questions de leur génération (la guerre au Vietnam, les mouvements de paix et amour, la libération sexuelle). Je pense à Lennon, mais aussi au festival de Woodstock et donc à un paquet d’artistes (Love, Joan Baez, Janis Joplin,…). Le mouvement a largement été critiqué de toutes parts comme étant la prise de parole de nantis qui ne risquaient rien à objecter contre la guerre. Désabusés, les artistes folk et rock se sont ensuite recentrés sur des causes humanitaires (l’exemple le plus connu étant U2 et son action contre la misère du monde). Je ne suis pas certain que le fait d’avoir tapé sur les artistes pour leurs prises de position politique ait eu un effet vraiment hyper génial sur la marche du monde. On s’est tiré une balle dans le pied. On est en train de le refaire avec la critique du milieu du cinéma qui prend position sur des sujets politiques. On se demande vraiment “si un gars qui vit dans le 7ème arrondissement peut ouvrir sa bouche”. Et quand on aura perdu tous les porte-voix de la contestation et qu’il ne restera plus que la colère inexprimable, que fera-t-on ?

Toujours est-il que la folk s’est perdue pendant des années, plus rien n’a été vraiment produit entre les années 1980 et 1990. Neil Young, Dylan, tous étaient partis sur des électriques et des synthés. Puis, des groupes ont ressorti les guitares acoustiques, voire même les harmonicas, pour proposer à nouveau des chansons calmes. Je pense tout de suite à Travis au Royaume-Uni, mais juste avant ça il y a aussi Oasis (Wonderwall).

En revanche, ce qu’on peut souligner c’est que la folk d’aujourd’hui, ne parle plus, à aucun moment, de sujets mondiaux, sociétaux. Les thèmes de prédilection sont l’amour, l’introspection, la beauté de la nature, l’aventure, la route,… Bref, plus aucune incitation au soulèvement populaire ou la révolution culturelle.

Mais la musique folk est-elle avant-gardiste ou suiveuse ?

La musique folk n’est jamais vraiment à l’avant-garde des changements de la société, elle suit davantage les aspirations générationnelles en les décrivant plus qu’en étant à l’initiative. C’est pas grave, c’est pas vraiment ce qu’on lui demande. Rappelons-nous d’où vient la folk. Sa raison d’être : le reflet d’une sécularité, d’une “tradition”. Autant laisser les autres aller au charbon et voir ce qui se passe.

Quand la folk d’aujourd’hui parle d’états d’âme, d’amour, de l’intérieur de soi, du chez soi, de la nature, elle parle des sujets de son temps. 

Il fut un temps où je travaillais dans le milieu de la cuisine domestique, qui explosait car c’était une activité refuge (ça l’est toujours) : une activité cocooning, pour oublier un instant le désordre du monde. La folk des années 2020, c’est un peu la cuisine domestique musicale. Un lieu confortable où se retirer quand plus rien ne va.

Pourquoi je parle de tout ça ?

Parce que j’ai envie de partager avec vous cette prise de recul que nécessite parfois le travail artistique. Là, en ce moment, je me demande comment je pourrais me rendre utile à la marche du monde. C’est à mon sens plus simple de se sentir utile en réalisant des tâches (quelles qu’elles soient) pour un patron qu’en composant et en publiant des chansons à la première personne du singulier. J’ai beau me rassurer en me disant qu’il y a beaucoup de vous tous dans ce que je raconte à mon sujet, le fait est que si chacun le vit, je ne suis pas certain de devoir le relater. C’est d’une superficialité…

Alors j’essaie de comprendre d’où je viens.

Je viens d’une génération, et je ne suis qu’une petite pierre de cette génération. Je participe à faire partie des futures recherches sociologiques, historiques, archéologiques de notre temps. Je n’ai pas de rôle particulier. Tout comme l’assistant administratif. Je ne suis qu’une goutte d’eau, de la poussière d’étoile dans le cosmos. Zéro besoin d’aller chercher bien plus loin. Et la folk c’est ça : faire des chansons au coin du feu, pour quelques personnes qui se réchaufferont autour de douces mélodies chantées avec le coeur.

Même quand Lennon chante “Give Peace a Chance”, un message éminemment politique car c’était l’air de son temps, il le fait avec des copains dans son lit. Et c’est OK. Pour moi, en tous cas. Et je me sens pas super seul à le penser (17 millions d’écoutes sur Spotify…).

Et sinon rien à voir, mais

Pour aller plus loin dans l’explicitation de ce propos, j’aimerais aujourd’hui vous présenter un groupe sur lequel je suis tombé par hasard. Il s’appelle Big Thief, et il est emmené par une femme, Adrianne Elizabeth Lenker, dont la voix emporte tout sur son passage. Il ne faut pas beaucoup plus que 4 accords pour nous entraîner dans sa balade nonchalante “Born for Loving You” du dernier single en date “Vampire Empire”. Franchement, j’attends avec impatience l’album parce que le reste de la discographie vient de prendre un coup avec ce nouveau double single. Non pas que le reste soit nul, du tout, mais disons que le double-single met vraiment à distance leur passé discographique.

Quelle photoQuelle photo

Ecoutez ce double single, dites-moi ce que vous en pensez. Et voyez comme le message de ce groupe reflète bien le fond de la pensée développée ci-dessus :-)

Ah, si, un dernier truc !

Je viens d’ouvrir une boutique sur Bandcamp, pour ceux qui aiment les objets. J’y propose le CD de mon dernier EP en date, “a Better Man”. Si vous voulez vous procurer un exemplaire de l’EP, n’hésitez pas à visiter le lien suivant !

https://marcverwaerde.bandcamp.com/album/a-better-man