Une vie folk

Il y a plein de choses à vous raconter sur la vie d'un artiste musicien folk.

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Par Marc Verwaerde
26 mars · 4 mn à lire
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C'est la fin

Et toujours le début d'une nouvelle histoire

Coucou toi,

Tout ça pour vous dire que la fin, c’est très souvent le début d’une nouvelle histoire. C’est d’ailleurs en ce sens que j’avais voulu sortir l’album “The End” au début de ma nouvelle carrière musicale en solo. Montrer que la fin d’une période de ma vie signifiait le début d’une autre histoire.

J’ai très récemment mis fin à “The End”, et je vous raconte toute cette histoire ici.

The End, mon premier album solo

En novembre 2020, je rejoignais le studio “Le Poisson Barbu”, dans le 18ème arrondissement de Paris, accompagné de ma Guild (ma “2ème” guitare) et de mes harmonicas, pour enregistrer aux côtés de Romain Dowska 11 des 16 chansons composées entre novembre 2019 et février 2020.

Cliché pris lors d'un des nombreux aller-retour "Paris Normandie", reflet de l'état de mon âme désoléeCliché pris lors d'un des nombreux aller-retour "Paris Normandie", reflet de l'état de mon âme désolée

Cet hiver 2019-2020 fut le sommet d’une rencontre avec moi-même, reclus le soir dans une maison meublée à dessein de façon spartiate, sorte de “cabane au Canada”, que je retrouvais tous les soirs après avoir fait un aller-retour à Paris pour le boulot. Là, un soir sur deux ou presque, je composais un texte, lui trouvais une mélodie, et déposais sur le papier et mon dictaphone toutes les pierres de mon âme tourmentée.

Vint le confinement, et la solitude qui s’ensuivit me paralysa au point de ne plus avoir d’énergie pour écrire quoi que ce soit. Pour autant, je passais cette période hors du temps la guitare en bandoulière, derrière mon écran, à jouer en live à 19h pour une ribambelle “d’amis Facebook” occupés à nourrir leurs enfants ou à prendre leur apéritif avec ma pomme et mes reprises pour compagnons.

Avec Sam le Pompier en guest star, nous chantions "Pattes Patrouille"Avec Sam le Pompier en guest star, nous chantions "Pattes Patrouille"

Les pépiements et floraisons du mois de juin 2020 me secouèrent les puces et j’investis à nouveau dans des équipements de “home studio” afin de pouvoir m’amuser à enregistrer des démos de ces chansons ainsi que des reprises. Cette complète remise en selle musicale me permettait de cheminer à nouveau vers la lumière et la vie, vers l’espérance d’un heureux futur.

En avril 2021, avec cet album en poche, je prenais la décision de me lancer à nouveau à corps perdu dans la musique, qui avait été ma bouée de sauvetage et le phare dans ma tempête intérieure : rendre complètement honneur à cet art, ne vivre plus que pour la musique. Un geste considéré par certains courageux, par d’autres romantique ou encore inconscient, et que j’expliquais autrement : besoin vital pour “exister”.

“The End” fut mis à disposition du public sur les plateformes en août 2021.

11 titres reflets d’une rencontre avec mon ombre

Les 11 chansons qui composent l’album “The End” sont le reflet de cette période tourmentée. Evidemment, le titre éponyme “The End” raconte la fin d’un chemin, sur la crête émotionnelle escarpée du désespoir de ne plus avoir de perspective. Tout comme “I Just Need to be Alone” et son “why do we exist if nothing means nothing” que j’ai parfois eu l’audace de chanter en concert devant une audience souvent incrédule (dans le contexte d’une terrasse ensoleillée, cela apparaît compréhensible), parfois empathique.

La pochette de l'album est une aquarelle signée Elisabeth BrémondLa pochette de l'album est une aquarelle signée Elisabeth Brémond

La plupart des morceaux que cet album contient sont le reflet de mon ombre, cette part de moi que je chasse au quotidien, cette ombre qui voudrait que tout tourne autour de ma personne, celle qui souhaiterait le mal aux gens qui m’en ont causé. Bref, “un album pas super à mon avantage”.

Mais deux morceaux symbolisent déjà l’espoir de le personne que j’étais, qui lisait toute sorte de bouquins ésotériques pour essayer de donner un sens au non-sens. J’ai lu Eckhart Tolle (que j’ai trouvé nul), “Ma Vie” de Jung (que j’ai adoré) et d’autres ouvrages où je lisais que nous étions tous de la poussière d’étoile (j’aime encore aujourd’hui cette image). “All as a Whole” est un condensé de toutes ces lectures “spirituelles” de cheminement vers soi et les autres. La deuxième chanson lumineuse, “Give me Wings”, a été composée le matin de mon départ en voyage à Nantes pour voir ma grand-mère. Jaillie de nulle part, tout comme le soleil rougeâtre qui pointait son nez à l’horizon au moment où j’écrivais ces quelques lignes “Red sun rising, give me wings for the day”, la chanson prendra une toute autre signification au décès de ma grand-mère en 2022, elle qui n’eut de cesse, pendant son veuvage de plus de 60 années, de demander à rejoindre son époux (causant par la même la perplexité de ses 3 enfants bien vivants qui eux ne demandaient qu’à être aimés, mais c’est une autre histoire). Quand je chante “Give me wings to come to you”, c’est en réalité cette femme qui prend la parole et s’adresse à son défunt mari. C’est une chanson d’amour, certes, mais bon, disons qu’il y en a de plus joyeuses.

11 titres bien trop lourds à porter

Cet album est un concentré de désespoir, de colère, de tristesse, de mélancolie, avec deux petites pointes de douceur amère sur sa fin. Il existe des artistes qui ont pour toujours existé comme ça, avec leur douleur, leurs blessures, et qui ont réussi à en faire commerce (souvent malgré eux), et se sont (souvent) donné la mort ou ont sombré dans l’usage de drogues (alcool ou plus).

Mais je ne suis pas cet artiste-là. Je ne me suis jamais identifié à ce genre de posture. Je n’ai pas ce tempérament et je ne suis pas mon ombre (ni ma lumière). D’ailleurs, parmi les artistes que j’écoute le plus, il n'y en a que deux qui vivent dans la torture intérieure permanente et en font étalage : Nick Drake (qui s’est suicidé très jeune), et Ryan Adams (alcoolique en rémission). Les autres sont névrosés (comme nous tous), mais essaient de sublimer leurs douleurs avec des chansons qui mêlent mélancolie et espérance, ne serait-ce que grâce aux arrangements musicaux.

Je disais donc que je ne me reconnais pas dans ce profil, dans ce projet. Qu’aujourd’hui, si je composais ces même chansons, je prendrais la peine de les enrober d’autres guitares, je ferais appel à tous mes amis pour qu’ils se joignent à moi, afin d’enlever le poids du propos et d’apporter un peu de perspective à la tristesse ressentie.

J’en réenregistrerai, c’est sûr

Parmi ces 11 titres, il y en a que j’apprécie énormément, notamment parce que “j’entends” des choses qui ne figurent pas sur l’enregistrement : d’autres voix, une batterie, une basse, des claviers,...

Sur la chanson éponyme The End, par exemple, j’entends tout ça. Et je me rêve en train d’orchestrer une version plus complète et plus mélodieuse de ce petit bijou (j’ose le mot). C’est pareil sur “All as a Whole”. “I Just Need to be Alone” a besoin d’un arrangement pour quatuor à cordes et d’un piano : que la guitare disparaisse me semblerait de bon ton. Enfin, “all as a Whole” et “Give me Wings” ont besoin de ces petits synthés qui font le charme des ballades plus récentes que j’ai enregistrées avec mes amis en studio cette année. “I’m Alive” est un titre que Neil Young aurait pu écrire et jouer avec ses amis du Crazy Horse… Bref : sur les 11 titres, il y en a bien 6-7 qui méritent qu’on les réarrange, pour les ressortir et les rendre universels.

Les copains, la vie, ce en quoi je remets tout espoir <3Les copains, la vie, ce en quoi je remets tout espoir <3

Je sais bien qu’il existe des fans de “The End” en l’état

Je sais très bien qu’il existe des personnes de mon entourage qui sont absolument fans de certaines chansons présentes en l’état sur cet album. Je ne remets pas en cause le fait que ces enregistrements puissent toucher un public. Mais, parce que je ne m’y reconnais plus moi-même, et comme j’ai (encore) le luxe de choisir ce qui est accessible et ce qui ne l’est pas, j’ai décidé de retirer l’album des plateformes (Spotify et consorts).

Vous pouvez tout de même écouter l’album en vous rendant sur deux sites différents :

  1. Sur Bandcamp, vous pourrez à la fois l’écouter et le commander (en version digitale ou en CD). Il me reste quelques exemplaires du CD que j’avais pressé pour le vendre lors de mes concerts.

  2. Sur Soundcloud, vous pourrez lire l’album en “streaming” gratuitement et à volonté. Pour les fans, vous pourrez toujours ajouter ce lien à vos favoris et l’écouter de temps en temps…

Je suis heureux d’avoir pris cette décision : l’artiste que je suis est désormais absolument fier de 100% de ce qui est présent sur les plateformes, et fier de pouvoir imaginer qu’un jour, il donnera tout son sens à certaines des meilleures chansons de “The End”.

Et sinon rien à voir, mais…

Ca fait des années que j’entends parler par diverses sources (mon frère et mon père étant les sources principales) du groupe “The War on Drugs”, et je dois bien avouer que je n’avais jamais vraiment accroché au groupe avant ces derniers mois. A ma décharge, je crois que mon album préféré (de loin, et pour le moment) est leur dernier album paru en 2021 “I Don’t Live Here Anymore”.

I don't live here anymore - The War on DrugsI don't live here anymore - The War on Drugs

Au regard de ce que je viens de raconter sur la genèse de “The End”, j’ai l’impression que l’album de ce groupe résonne complètement. J’ai le sentiment étrange qu’Adam Granduciel est aussi passé dans une lessiveuse lors de l’écriture de cet album, et qu’à la sortie, tout ce qu’il dit c’est “passons à autre chose”.

Sauf que sa manière de le dire est autrement ambitieuse que celle que j’avais au moment d’enregistrer en 2020. Des guitares électriques sublimes, des synthétiseurs clins d’oeil à “The Boss” (Bruce Springsteen), des batteries nettes et précises : bref, un album que j’aurais voulu enregistrer avec les copains.

Prenez le temps d’écouter au moins la première chanson “Living Proof” qui me hante et dites-moi ce que vous en pensez.

C’est fini

Cette newsletter est finie aujourd’hui. Vous remarquerez qu’elle n’a rien à voir avec celle de la semaine dernière. Est-ce vraiment grave ? A mon sens, pas du tout.

A très vite,

Marc

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